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Histoire du Burkina Faso


Le mythe fondateur : l'amazone Yennenga


Au royaume de Dagomba  (situé dans le nord du Ghana actuel) régnait un roi puissant et respecté. Il vivait avec sa famille dans la capitale, à Gambaga. C’est là que commence l’histoire de la princesse Yennenga, dont le nom signifie « la mince ». Elle serait née entre le XIe et le XVe siècle.


La princesse Yennenga fut le premier enfant du roi Nedega. Le roi était terriblement fier de sa fille, douce et gracieuse, au caractère bien trempé. La princesse adorait les animaux. Depuis toute petite, elle jouait avec les moutons, soignait les oiseaux tombés du nid… Son animal préféré était le cheval mais elle ne pouvait pas monter sur ces beaux étalons, une femme n’ayant rien à faire sur le dos d’un cheval.


A l’adolescence, elle fit son initiation afin de quitter le monde de l’enfance pour intégrer la communauté des femmes. L’initiation fut pour elle un cauchemar. L’excision. L’isolement. Puis les cérémonies rituelles où il fallait, malgré la douleur, participer aux danses et aux chants. « Tu dois accepter cette souffrance pour devenir une femme. Les filles qui n’acceptent pas la coutume ne peuvent pas se marier », lui disait sa mère.


Yennenga devint donc une « vraie » femme, mais elle rêvait toujours de vivre dans le monde des Hommes, à dos de cheval.

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 Le roi Nedega, qui  adorait sa fille, finit par l’autoriser à chevaucher à ses côtés. Yennenga découvrit alors une liberté jusqu’alors inconnue. Elle savait maîtriser l’étalon avec une grande agilité et finit par accompagner son père à la guerre. Elle devint rapidement une redoutable amazone, maniant mieux les armes que les guerriers de son père. Le roi ne pouvait plus se passer de sa fille, devenue indispensable à son armée. Et surtout, il adorait chevaucher des heures durant à ses côtés.


Yennenga avait de nombreux prétendants, mais son père refusait chaque occasion de mariage. La reine Napoko était désespérée, et Yennenga commençait à être agacée par le comportement de son père. Alors l’insoumise décida de fuir.


Un soir, à la tombée de la nuit, elle choisit son cheval préféré, un mâle blanc, à la crinière splendide, et partit en direction du nord. Au petit matin, épuisée, la princesse trouva une case isolée, à la sortie d’un bois. Elle s’en approcha pour demander l’hospitalité. Le propriétaire des lieux était un jeune chasseur, lui aussi de sang princier, et s’appellait Rialé. Lui aussi avait fui son royaume pour échapper à un destin tout tracé. Ils tombèrent de suite amoureux l’un de l’autre et devinrent inséparables. De leur union naquit un garçon qu’ils appelèrent Ouedraogo, qui signifie « étalon », en hommage au beau destrier blanc qui guida la princesse vers le chasseur.



Le garçon hérita des qualités de ses deux parents : intelligence, habilité et courage. Il était devenu leur fierté. Si bien que Yennenga, qui n’a pas oublié sa terre natale, décida d’y envoyer son fils afin qu’il se présente à son grand-père. « Tu lui donneras de mes nouvelles et tu me diras, à ton retour, s’il m’a pardonné », dit-elle à son fils. Ouedraogo fut reçu avec émotion et joie. Le vieil homme accepta les excuses de sa fille. Au départ de Ouedraogo, il organisa de grandes festivités, lui offrit du bétail, des serviteurs et une escorte de guerriers pour qu’il puisse fonder un nouveau royaume.


Lorsque Rialé vit son fils revenir à la tête d’une telle armée, il s’écria : « Je suis venu seul dans ce pays, maintenant j’ai une femme et j’aurai beaucoup d’hommes ». Beaucoup d’hommes, en bambara, se traduit Morho-si. Le village qu’ils fondèrent fut baptisé Morosi qui, par déformation, devint Mossi.

La tradition rapporte donc que Ouedraogo est à l’origine du peuple mossi, qui vit près de Ouagadougou.


Cette histoire est issue exclusivement de la tradition orale mossi. Celle-ci connaît donc de nombreuses variantes selon l’origine des narrateurs. Mais dans tous les cas, cette histoire est très présente dans le Burkina Faso d’aujourd’hui. Ouedraogo reste le nom de famille le plus répandu du pays. L’emblème national, représenté sur les armoiries, est l’étalon blanc qui guida la princesse. Et au football, les joueurs burkinabé sont surnommés « les étalons ».

L’époque de la colonisation


En 1888, une première expédition française atteint le territoire de l’actuel Burkina Faso. Les français entreprennent alors une série de missions et entretiennent des liens (parfois tendus) avec les populations et autorités locales via le Mogho Naaba, le chef des Mossis.


En 1894, les troupes françaises entrent à Ouagadougou pour « pacifier » le pays. La « pacification » fut difficile, elle rencontra une vive résistance. Le pays Lobi, au sud du Burkina, ne tomba que six ans plus tard, en 1901. Le Burkina s’appelle alors la Haute-Volta. Son territoire change sans cesse jusqu’en 1947, parfois rattaché au haut-Sénégal-Niger ou encore au Soudan français, au Niger ou à la Côte d’Ivoire.  


C’est l’époque sombre du travail forcé : des dizaines de milliers de personnes sont contraintes de travailler dans les plantations ou à la construction d’un chemin de fer. A la fin de l’année 1915, le peuple des Bobos Bwa est réquisitionné pour construire la route San-Koudougou. A Bouna, les gardes étaient impitoyables. Tenin Coulibaly, une femme enceinte, demande la permission d’aller accoucher au village. Les gardes refusent et la femme accouche sur le chantier. Elle perd son enfant. Et c’est ainsi que commença la révolte des Bwa contre les colons. La rébellion s’étendit sur toute la Volta noire. La répression fut très sévère. Les morts se comptent par milliers.

Pendant la première guerre mondiale, de nombreux Mossis sont envoyés sur le front comme « tirailleurs sénégalais ».

En 1959, le pays devient une République autonome et se sépare du Soudan et du Sénégal. Aux élections législatives de la même année, le Rassemblement démocratique africain (RDA) arrive très largement en tête.


L’indépendance


Le 5 août 1960, la Haute-Volta obtient l’indépendance. Maurice Yaméogo, alors président du Conseil des ministres, devient chef de l’Etat.  La Haute-Volta deviendra l’un des pays africains les plus stables politiquement.


Le 25 novembre 1980, après 14 ans de pouvoir, le président Lamizana est renversé par l’armée. Le colonel Saye Zerbo prend les rênes du pays. Puis deux ans plus tard, lui aussi est renversé et cède le pouvoir à Jean-Baptiste Ouedraogo. Ce dernier choisit Thomas Sankara comme premier ministre mais le fait arrêter et emprisonner le 17 mai 1983.

Le 4 août de la même année, une partie de l’armée se soulève, conduite notamment par les capitaines Blaise Compaoré et Thomas Sankara. Le Conseil National de la Révolution est mis en place et Thomas Sankara devient président. Blaise Compaoré est le numéro deux du régime.


L’année suivante, le pays est rebaptisé Burkina Faso. Burkina signifie en mooré un homme « intègre », « indépendant » et Faso est un mot dioula, qui veut dire « patrie ». D’où le surnom du « Pays des Hommes intègres ». Un nouvel hymne, une nouvelle devise et un nouveau drapeau sont choisis. Thomas Sankara est un révolutionnaire. Anti-impérialiste, il conduit une politique d’affranchissement du peuple burkinabè. Il entreprend de grandes réformes pour lutter contre la corruption et pour améliorer l’éducation, l’agriculture et le statut des femmes. Il fait parti du mouvement des non-alignés. Il côtoie de nombreux militants d’extrême-gauche. Il est le seul président d’Afrique à avoir vendu les luxueuses voitures de fonction pour les remplacer par des petites Renault 5. Dans ses discours, il dénonce le néo-colonialisme. En 1984, il s’exprime devant l’assemblée générale de l’ONU et prononce un discours devenu historique. Un réquisitoire contre les grandes puissances.

« D’autres avant moi ont dit, d’autres après moi diront à quel point s’est élargi le fossé entre les peuples nantis et ceux qui n’aspirent qu’à manger à leur faim, boire à leur soif, survivre et conserver leur dignité. Mais nul n’imaginera à quel point le grain du pauvre a nourri la vache du riche ».


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Le 15 octobre 1987, Thomas Sankara est assassiné lors d'un coup d'État organisé par celui qui était considéré comme son frère, Blaise Compaoré. Il est déclaré « décédé d’une mort naturelle ». L’enquête est restée au point mort depuis des années. Blaise Compaoré est soupçonné d’être le principal responsable de son assassinat. Selon de nombreux historiens africains, le gouvernement français, à l’époque de François Mitterrand, est aussi soupçonné d’avoir joué un rôle dans cet assassinat.

Blaise Compaoré reste vingt-sept ans au pouvoir. Il est élu pour la première fois en 1991, puis il est réélu en 1998, en 2005 et en 2010. Le président est apprécié car il assure une certaine paix civile. Mais l’enrichissement de sa famille et l’énorme corruption du pays entament sa popularité. Le Burkina connaît plusieurs mouvements d’émeutes.

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La révolte de 2014


Blaise Compaoré ne veut pas quitter le gouvernement, malgré ses vingt-sept années consécutives au pouvoir. Il désire modifier l’article 37 de la loi fondamentale limitant le nombre de mandats présidentiels, afin de pouvoir se représenter aux élections présidentielles de 2015.


Le 28 octobre 2014, un million de manifestants descendent dans les rues de Ouagadougou. Le projet de loi avait été annoncé une semaine avant. Grève générale le lendemain. Et le 30 octobre, ce sont des dizaines de milliers de personnes qui manifestent dans la capitale. Plusieurs édifices gouvernementaux sont incendiés. L’assemblée nationale est prise d’assaut alors que des députés y siégeaient.


Le lendemain, le 31 octobre, le président Blaise Compaoré démissionne. Le même jour, la France l’aide à s’expatrier  vers la Côte d’Ivoire.


Le 17 novembre, c’est Michel Kafando qui est nommé président de transition et il est chargé de préparer la prochaine élection présidentielle, qui aura lieu au cours de l’année 2015.

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Kaya

Bani

Bobo-Dioulasso

Banfora

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